à
lire en intégralité : ICI
Face
à la loi El Khomri,
la
possibilité de stopper le gouvernement
Le
projet de loi « travail » a suscité, dans les jours qui ont
suivi sa publication, une levée en masse sur les réseaux sociaux,
puis un premier appel à mobilisation pour le 9 mars.
Partout,
des initiatives s’organisent, des dizaines et des centaines de
milliers de jeunes et salariéEs discutent, s’apprêtent à se
mobiliser.
La
réaction est à la hauteur de l’attaque.
Elle
ouvre, surtout, pour la première fois depuis 2010, une possibilité
: celle de voir émerger un mouvement de masse, qui soit à même de
faire retirer ce projet de loi et permette à tous les petits, les
salariéEs, les chômeurs et chômeuses, les étudiantEs, lycéens et
lycéennes, de reprendre l’initiative.
La
loi El Khomri est sans doute le plus gros cadeau fait par Hollande
aux chefs d’entreprises. L’aspect central de cette reforme est de
casser le caractère national des droits conquis par les salariéEs
et inscrits dans le code du travail.
Désormais
chaque patron pourra faire son propre code du travail avec les «
accords d’entreprises » et dans ce cadre ils auront la
possibilité de nous faire travailler plus longtemps, avec un salaire
moindre, et finalement nous licencier plus facilement.
Pour
notre génération
c’est
la promesse
d’être
des salariéEs précaires et jetables à vie.
Il
est possible de faire reculer ce gouvernement
La
réaction massive qu’a provoqué la loi El Khomri est en ce sens
une première ! C’est par en bas, du monde réel des ateliers, des
bureaux, des salles de cours, qu’est montée la colère et que
s’est imposée la réussite de la journée du 9 mars avec près de
500 000 personne dans la rue.
Le
torrent est puissant, si fort que même les grands médias sont
obligés de le reconnaître. D’ailleurs, ils ont rapidement
identifié dans la jeunesse le principal péril pour le gouvernement.
Notre
conviction est qu’ils ont bien raison car c’est une grève
générale reconductible dans l’ensemble de la société qu’il
faudra pour faire plier le gouvernement.
Et
les jeunes ont un rôle central à jouer en donnant confiance aux
salariéEs pour les emmener vers des méthodes de lutte plus
radicales.
Cette
brochure ne contient pas la « vérité absolue ». Elle a été
élaborée par des militants et militantes du secteur jeune du NPA,
sur la base des expériences et des bilans – positifs ou négatifs
–
des
mouvements sociaux passés comme le CPE ou la réforme des retraites
en 2010.
Une
organisation politique, c’est d’abord la mémoire des luttes.
Notre camp social en a bien besoin, car en face le gouvernement a su,
lui aussi, tirer les bilans des mouvements passés.
Bien
sûr, de nouvelles formes de lutte, de nouvelles expériences, de
nouveaux problèmes se posent et se poseront cette année. L’histoire
ne se répète jamais de manière exacte, encore moins pour ce qui
est des luttes et encore moins quand ce sont celles de la jeunesse.
Mais
si nous voulons être à la hauteur de notre adversaire, nous devons
commencer par partager nos connaissances.
Ce
« kit de la grève » est une contribution pour servir la réflexion
de tous ceux et celles qui veulent riposter !
I
- Connaître le fond des attaques
Pour
plus d'informations sur la loi travail,
à
lire le 4 pages du NPA: ICI
Le
projet de loi El-Khomri : c’est la précarité à vie !
L’objectif
de ce projet de loi dite « travail » (ou chômage, ça
dépend du point de vue !), est clair : faire de nous de la chair à
patrons, en nous imposant la précarité à vie !
Travailler
plus pour gagner moins et se faire virer plus facilement : la droite
et le MEDEF en rêvaient, et c’est aujourd’hui la « gauche »
qui le met en place. Décryptage.
La
clé de voûte du projet : remplacer les droits des salariéEs
conquis à l’échelle nationale par des accords entreprise par
entreprise
Pour
le MEDEF et le gouvernement, le Code du travail ne serait pas assez
simple… et trop protecteur pour les salariéEs. Ce que veut nous
imposer le gouvernement aujourd’hui, c’est une liquidation des
dernières protections
que
nous pouvons encore faire valoir face au patronat.
Elle
s’articule autour d’une mesure forte :
la
casse de la hiérarchie des normes.
Aujourd’hui,
les droits des travailleurs et travailleuses (rémunération, congés,
libertés syndicales...) sont organisés à trois échelles :
-
la loi qui est le minimum s’appliquant à tout le monde,
-
les accords de branches, appelés « conventions collectives »,
s’appliquant à tous les salariéEs d’un secteur
(par
exemple la métallurgie, la banque, le jardinage...),
-
les accords d’entreprise, s’appliquant dans une boite.
Le
principe de « hiérarchie des normes » est que l’accord
d’entreprise ne peut pas être moins favorable aux salariéEs que
la convention, qui elle-même ne peut pas être moins favorable que
la loi (sauf pour le temps de travail, où ce principe a été annulé
par la loi Fillon de 2008).
Par
exemple, la loi impose actuellement cinq semaines de congés payés
pour tous les travailleurs et travailleuses. Une convention
collective peut en garantir six et un accord d’entreprise sept.
Mais aucun accord ne peut passer sous les cinq semaines légales.
Ainsi,
des salariéEs qui n’ont pas de rapport de force avec leur patron
peuvent s’appuyer sur des droits conquis à l’échelle nationale.
La
loi El Khomri inverse cette hiérarchie : l’accord d’entreprise
l’emporte sur le la loi et l’accord de branche dans presque tous
les cas de figure, même s’il est moins favorable.
Beaucoup
de jeune qui ont exercé des boulot précaire ou en CDD savent bien qu’à l’échelle de l’entreprise c’est le patron
qui a tous les pouvoirs.
Comment
contester « un accord d’entreprise»
quand
on n’est déjà pas assuré
d’être
repris à la fin de la semaine ?
Dans
le cadre de ces « accord », les patrons pourront donc
nous imposer des reculs sociaux sans précédent.
Le
gouvernement prévoit même de faire sauter un dernier verrou qui
permettait aux organisations syndicales qui ont obtenu plus de 50 %
des suffrages d’exercer un droit de blocage sur ces accord
d’entreprises.
Avec
la nouvelle loi, si des organisations représentant 30 % le signent,
le patron peut organiser un référendum pour contourner les
organisations majoritaires.
Mais
ces référendums sont tout sauf démocratiques. Ils s’exercent en
permanence au nom d’un chantage à l’emploi dans lequel les
salariéEs doivent choisir entre leur licenciement ou la dégradation
de leurs conditions de travail…
Nous
allons donc littéralement devenir la génération chair à patron,
complètement malléable selon les intérêts des grandes
entreprises.
Si
cette loi passe, toute les protections gagnées par des années de
luttes de nos parents et par des générations de travailleurs et de
travailleuses seront perdues, nous laissant seuls face à la rapacité
de ce système.
Dans
le cadre de ces accords d’entreprises généralisés,
la loi prévoit :
DE
NOUS FAIRE TRAVAILLER
PLUS
POUR GAGNER MOINS
La
fin de la durée légale du travail
Le
gouvernement aura beau répéter le contraire, ce projet de loi signe
bien la fin des 35 heures dans le code du travail, qui passe de durée
« légale » à une durée « normale », ouvrant
ainsi la voie à la généralisation des dérogations sur le temps de
travail.
Aujourd’hui,
un salariéE ne peut pas travailler plus de 10 heures par jour, et
jusqu’à 12 heures dans des circonstances particulières et de
façon « temporaire ».
Dans
le projet de loi, cette mention est supprimée, sans que les
salariéEs puissent refuser et grâce à un simple accord d’une
« autorité administrative », sans consultation des
représentants du personnel.
Et
en prime, la limite de 46 heures en moyenne sur 12 semaines
passe à 46 heures sur 16 semaines !
De
plus, le projet de loi ouvre la porte de la remise en cause de ce
qu’est une heure travaillée. Ainsi, les temps de pause et de
restauration, d’habillage et de déshabillage quand une tenue de
travail est nécessaire, ne sont plus considérés comme des heures
de travail effectives.
De
même, la contrepartie accordée aux salariéEs pour le temps de
transport peut être remise en cause.
Pour
des salaires de misère
«
Travailler plus pour gagner plus »
comme
dirait l’autre.
Déjà
loin d’être une réalité, ce slogan est en train de devenir une
pure fiction avec la loi El Khomri.
Désormais,
et dans le cadre d’un simple accord, la rémunération
supplémentaire des heures supplémentaires pourra tomber à 10 %,
soit une différence infime avec le salaire normal.
De
plus, jusqu’à maintenant, les employeurs pouvaient décompter les
heures supplémentaires par accord collectif, sur une période
supérieure à la semaine dans la limite d’un an. Ils pourront
désormais le faire par accord sur une durée de trois ans, et sans
accord, sur décision unilatérale, sur une durée de 16 semaines !
Autant
dire que les patrons qui payeront les heures supplémentaires
deviendront bien rares.
Enfin,
dernier aspect mais non des moindres, une simple formulation risque
de changer beaucoup de choses : « [La] responsabilité ne peut
être engagée au seul motif que le salariéE n’a, de sa propre
initiative, pas bénéficié de ces repos ou congés ».
Une
façon un peu technique de dire que le salariéE ne peut pas se
plaindre de la charge de travail supplémentaire qu’il doit
assumer, si le patron pense qu’il aurait pu le faire plus
rapidement.
Une
situation déjà vécue quotidiennement par des millions de
salariéEs, mais qui devient ici légale, ouvrant la porte à sa
généralisation et son accentuation.
LA
FABRIQUE À CHÔMAGE
Faciliter
les licenciements
dans
une période de chômage,
ça
ne vous paraît pas logique ?
Rien
de plus normal puisque ça ne l’est pas.
Faciliter
le licenciement pour
… augmenter
l’embauche ?
Selon
le gouvernement, le patronat et les économistes libéraux, la
facilitation des licenciements permettrait de faire baisser le taux
de chômage.
Selon
eux, les employeurs seraient réticents à embaucher en raison de la
« rigidité » du Code du travail et la difficulté à se
séparer de cette masse salariale en cas de coup dur pour
l’entreprise. Mais, soumise à un examen rigoureux, cette fable ne
résiste pas bien longtemps.
La
logique néo-libérale qui sous-tend ces raisonnements sur le chômage
n’est pas nouvelle : elle est un argument employé par le patronat
de longue date.
Ce
qui est nouveau, en revanche, c’est sa récupération très large
par la classe politique française, alors même qu’elle a été
systématiquement contredite par la réalité.
Ainsi,
dans les dernières décennies, toutes les réformes visant à
faciliter le licenciement ou à précariser l’emploi ont toujours
mené à une augmentation du taux de chômage. En effet, le critère
déterminant qui régit le taux de chômage est bien la demande
économique. Une demande conditionnée par les investissements que
font les patrons dans l’économie, plutôt que dans les paradis
fiscaux.
Pour
faire baisser le chômage, il faut donc les leur imposer, notamment
en renforçant la protection des travailleurs.
Le
licenciement simple comme bonjour
Pour
faciliter le licenciement, la loi El Khomri utilise les grands
moyens. Au point que de nombreux grands médias remarquaient que le
licenciement économique allait devenir « simple comme bonjour »
avec cette loi.
Ainsi,
les critères requis pour lancer un plan de licenciement économique
pour une entreprise deviennent très souples mais aussi très flous.
Par
conséquent, le moindre ralentissement de l’activité économique
pour une entreprise, bien loin de mettre en péril son existence,
deviendrait un prétexte suffisant pour lancer un plan de
licenciements.
Et,
comme si cela ne suffisait pas, le gouvernement envisage également
d’assouplir les règles qui régissent le licenciement dit «
abusif ».
Désormais,
un barème indicatif proposera de plafonner les indemnités touchées
par unE salariéE licenciéE sans raison valable. Et encore, le
gouvernement voulait au début que
ce
plafond soit imposé !
Face
aux appétits capitalistes,
imposons
des mesures radicales
pour
faire face à l’urgence sociale !
Ce
projet de loi rétrograde vise encore davantage à remplir les poches
des patrons et actionnaires sur le dos de notre travail et de notre
avenir.
Il
faudrait au contraire imposer notre droit à avoir un avenir en
prenant sur les profits des grandes entreprises.
Pour
faire face à l’urgence sociale et mettre un coup d’arrêt à ce
gouvernement pro-patronal, nous devons nous mobiliser pour imposer :
-
l’interdiction des licenciements, et l’ouverture des livres de
comptes, pour que les travailleur et travailleuses cessent
de se faire balader par les manipulations des patrons !
Nous
sommes capables de décider,
et
nos vies doivent passer avant leurs profits !
-
le partage du temps de travail entre toutes et tous, à
commencer par imposer les 32 heures hebdomadaires et le retour à la
retraite à 60 ans et avec 37,5 annuités de travail, seules mesures
capables d’endiguer le chômage de masse.
-
l’augmentation des salaires de 300 euros nets par mois pour
toutes et tous, un SMIC à 1700 euros nets, et un présalaire
d’autonomie à hauteur de ce SMIC pour tous les jeunes, pour nous
permettre d’étudier et de nous former dans les meilleurs
conditions.
-
l’interdiction des contrats précaires et des multiples contrats
spéciaux
pour
les jeunes : un CDI pour toutes et tous, seule mesure capable de
mettre un coup d’arrêt à la précarité, notamment des jeunes !
Les
jeunes : premières victimes
du
chômage et de la précarité !
Notre
génération est celle de la crise : un jeune actif de moins de 29
ans sur trois est en contrat précaire (CDD, apprentissage, intérim)
contre 8 % des 30-49 ans (INSEE, 2012).
Nous
dégotons notre premier CDI à 27 ans en moyenne !
Alors
que nous sommes précaires pendant nos études (unE étudiantE
sur deux est obligéE de se salarier pour financer ses
études) et pendant notre insertion sur le marché du travail, ce
gouvernement nous promet la précarité à vie !
II
- LES MÉTHODES DE LUTTE
Face
à une reforme aussi désastreuse pour notre avenir, il ne peut y
avoir de logique de négociation ou d’amendement, nous devons
exiger le retrait pur et simple de la réforme.
Il
n’y a pas trente-six solutions
pour
gagner contre ce gouvernement.
Il
faut un mouvement de grève générale
pour
bloquer l’économie
et
forcer les dirigeants à retirer la réforme El Khomri.
Les
jeunes scolarisés ne peuvent pas bloquer l’économie. Mais ils
occupent un rôle central dans la mobilisation pour entraîner et
donner envie aux travailleurs et aux travailleuses de rentrer dans la
lutte.
Notre
mobilisation doit donc toujours chercher à s’étendre, à être
visible et dynamique !
Le
rôle des manifestations
et
des rythmes de mobilisation
Les
manifestations sont primordiales. Elles permettent de montrer que
nous sommes nombreux et nombreuses et donc de motiver ceux et celles
qui pensent que se mobiliser ne
sert à rien, que ce serait peine perdue.
Elles
donnent confiance dans l’action collective. Il faut sans cesse
rappeler la nécessiter de manifester, en plus d’un blocage par
exemple, car cela permet de nous retrouver avec tous les lycéens et
lycéennes mais aussi les étudiantEs, salariéEs et retraitéEs du
coin pour la même cause, avec les mêmes slogans.
Une
manifestation réussie
c’est
un mouvement qui grandit.
La
grève et le blocage
La
question de la grève doit aussi être débattue, car elle seule
permet de dégager du temps pour amplifier le mouvement.
On
ne peut pas massifier les manifs si on n’est pas en grève. Et on
ne permettra pas au mouvement de franchir un seuil si la grève ne
concerne pas plus que des demi-journées de manif. Car il faut du
temps, beaucoup de temps pour
s’adresser à tout le monde, donc des journées entières de grève
où des dizaines, puis des centaines de lycéens et lycéennes ne
vont pas en cours… Et cela plusieurs journées de suite.
Un
blocage peut être un bon moyen pour mobiliser les lycéens, car il
permet d’enlever la pression des parents et de l’administration
sur les absences.
Mais
un blocage sans manifestation derrière ou trop répété peut aussi
démoraliser les lycéens et lycéennes. Il faut donc aviser suivant
la situation locale et nationale.
Passages
dans les classes
Pour
que le mouvement soit majoritaire, il faut s’assurer de discuter
avec chaque lycéen et lycéenne. Les tracts permettent de s’adresser
à beaucoup de monde, mais ils ne remplacent pas les discussions,
d’autant que tout le monde ne les lit pas.
Pour
annoncer une manif ou une assemblée générale, le mieux est de
passer dans les classes.
Évidemment,
cela suppose un certain rapport de force avec l’administration, car
il arrive qu’elle mette des bâtons dans les roues, et si possible
de se mettre d’accord avec les profs pour
qu’ils laissent faire les interventions.
On
peut procéder de plusieurs manières :
-Soit,
après avoir demandé l’autorisation au professeur, on fait une
petite intervention, que l’on a préparée à l’avance, pour
donner les revendications et les perspectives du mouvement.
-Soit
on entre dans la salle, on s’assoit et on lance un débat avec
la classe. Cette façon prend plus de temps et elle est plus «
culottée », mais elle permet d’amener les lycéens et
lycéennes à leurs propres réflexions.
Débrayages
Le
débrayage consiste à entrer dans un lycée en chantant des slogans
pour motiver les lycéens et lycéennes non mobilisés. Cette action
est fréquemment utilisée et porte ses fruits. Lorsqu’il est
organisé dans des lycées qui ne sont pas mobilisés, il peut
permettre de motiver les élèves et de les inciter à rejoindre le
mouvement.
Les
débrayages peuvent aussi se faire de lycée en lycée, le matin afin
d’annoncer une manifestation, soit l’après-midi, soit dans la
suite du débrayage.
Les
débrayages ont l’intérêt de motiver aussi ceux et celles qui
débrayent les autres. Ils sont très utiles en début de mouvement.
III
- S’ORGANISER AU NIVEAU LOCAL
L’assemblée
générale (AG)
L’AG
doit être le lieu le plus démocratique.
C’est
là que toutes les décisions se prennent, pas seulement le blocage.
C’est
un mode supérieur au vote à bulletin secret où l’on se contente
de répondre OUI ou NON à une question (par exemple : « pour ou
contre le blocage »).
On
commence par exposer pourquoi on se bat,
puis
on voit les moyens d’action.
ChacunE
peut proposer des revendications
(nationales
ou locales,
en
termes de conditions d’études
ou
de droits démocratiques concernant la mobilisation)
et
des moyens d’action.
Si
ce lieu est choisi pour organiser les votes (sur le blocage, les
revendications...), c’est parce que c’est le lieu où le plus de
lycéens et lycéennes sont réuniEs et donc le lieu le plus
légitime.
L’AG permet de ne pas déconnecter les votes des débats.
Concrètement,
pour que chacun puisse s’exprimer et participer au débat, il faut
une tribune (ou une présidence) qui se charge de distribuer la
parole et d’organiser la discussion et les votes (donc de
récapituler les propositions au
moment des votes). Ordre du jour, introductions et listes d’inscrits
Le
moyen le plus démocratique pour que chacun s’approprie le débat
est de répartir le temps de l’AG en trois parties (ou plus) :
1.
Pourquoi on se bat
2.
Perspectives d’action
3.
Votes
Il
faut que quelqu’un introduise chaque point.
Pour
que le débat ait lieu dans les meilleures conditions, le mieux est
de prendre une liste d’inscrits. Chaque élève qui souhaite
prendre la parole lève la main et la tribune l’inscrit sur une
liste.
Elle
distribue la parole dans l’ordre dans lequel chacunE a levé la
main. Si trop de monde s’inscrit, elle peut proposer de limiter les
interventions à deux ou trois minutes.
Pour
éviter d’exploser le temps de l’AG, il faut minuter chaque point
(exemple : 30 minutes sur les revendications, 20 minutes sur les
perspectives, 10 minutes pour les votes…).
Lorsqu’il
y a beaucoup d’inscritEs, il faut annoncer une « liste de
clôture », c’est-à-dire qu’on dit au début d’une
intervention que les derniers qui veulent parler peuvent lever la
main pendant la prochaine intervention ; après, la liste sera close
et il ne sera plus possible de s’inscrire.
Quand
l’intervention est finie, il faut récapituler la liste d’inscrits
pour vérifier qu’on n’a oublié personne.
Votes
À
la fin des débats, la tribune doit avoir noté les propositions de
votes et les avoir réparties en deux catégories : revendications et
moyens d’action.
Exemple
: quelqu’un a proposé « retrait de la réforme » et quelqu’un
d’autre a proposé « participation à la
manif
de demain à Paris ». On commence par voter sur les revendications,
puisque c’est seulement si on est d’accord sur les objectifs
qu’on peut décider d’agir ensemble.
Cela
est mieux qu’un référendum « OUI » - « NON » car une fois
qu’on est d’accord sur des revendications, on doit poser la
question de « comment » : on ne répond pas à ça par oui ou non,
mais en discutant et en élaborant.
Les
types de votes
-
Les votes « pour » ou « contre »
Exemple,
quelqu’un propose de participer à une manif
On
peut voter pour, contre, s’abstenir (cela veut dire qu’on se
range à l’avis majoritaire) ou ne pas prendre
part
au vote (cela veut dire qu’on pense que le vote n’a pas lieu
d’être : si c’est « NPPV » qui est majoritaire, le vote est
repoussé à la prochaine AG).
Donc,
concrètement, la tribune annonce le vote puis demande « qui est
pour ? », « qui est contre ? », « qui s’abstient ? », « qui
ne prend pas part au
vote ? ».
Pour
compter les voix, il faut des personnes d’opinions différentes,
afin qu’il n’y ait pas de contestation des résultats.
-
Les votes « alternatifs »
Exemple,
quelqu’un propose de participer à la manif de l’après-midi et
quelqu’un propose de rester occuper le lycée toute la journée.
On
ne peut pas voter pour les deux, donc il faut soumettre les
propositions l’une contre l’autre.
Concrètement,
la tribune annonce les deux (ou plus) propositions puis demande «
Qui vote pour la proposition 1 ? », « qui vote pour la proposition
2 ? », », « qui s’abstient ? », « qui ne prend pas part au
vote ? ».
Les
élections de délégations
On
peut élire des délégations pour plusieurs choses (rencontrer
l’administration, se rendre à une AG de profs, se rendre à une
coordination avec d’autres lycées...) ; dans ce cas, il faut avoir
voté le principe de l’envoi de ces délégations dans les moyens
d’action.
On
procède à leur élection à la toute fin, puisque les délégations
auront un mandat : ce qui a été voté par l’AG.
Il
faut déterminer combien de personnes participent à cette délégation
; s’il y a autant de candidatEs que de places, on fait un vote
global sur l’ensemble de la délégation (mais on peut s’opposer
à ce qu’une personne y participe, par exemple si un anti-grève
veut aller rencontrer l’administration !).
S’il
y a plus de candidatEs, il faut procéder à un vote personne par
personne. Les premières en nombre de voix sont élues dans la
délégation.
On
peut aussi essayer de se mettre d’accord pour faire des délégations
représentatives (s’il y a plusieurs opinions qui se sont
exprimées, s’il y a plusieurs sensibilités politiques ou
syndicales présentes, si on veut qu’il y ait des délégués issus
de plusieurs niveaux de classes et filières, une délégation
paritaire hommes-femmes, etc.).
Le
comité de mobilisation
Le
comité de mobilisation est une réunion de lycéens et lycéennes
mobiliséEs, alors que l’AG est la réunion de tous les élèves,
mobilisés ou non.
Il
peut être élu ou réunir tous les lycéens et lycéennes
volontaires. Dans tous les cas, le moment où il se réunit et son
rôle doivent être dits en AG.
Le
comité de mobilisation est à la fois un secrétariat et un «
état-major » de l’AG. Il applique les décisions de l’AG,
écrit
le
tract du lycée, organise le blocage, organise le départ en manif,
se préoccupe du matériel nécessaire (mégaphone, banderole, papier
pour les tracts et les affiches...).
Mais
le comité de mobilisation n’a pas qu’un rôle technique. Écrire
un tract, c’est forcément réfléchir à une politique et à des
arguments.
Le
comité doit aussi produire des argumentaires, pour faire des
interventions dans les classes ou discuter avec les élèves non
mobilisés.
Il
doit enfin préparer les AG, les annoncer, s’occuper du lieu, de
l’heure, de l’affichage, de l’information, mais aussi préparer
les introductions aux différents points.
Quand
la mobilisation peine à décoller, qu’il y a très peu de monde en
AG ou en manif, le comité de mobilisation est ce qui réunit ceux et
celles qui veulent se mobiliser, même s’ils ne sont qu’une
poignée.
C’est
en se réunissant quand même et en prenant en charge l’ensemble
des tâches qu’ils pourront faire arriver au déclic.
IV
- SE COORDONNER ET ÉTENDRE LA MOBILISATION
Pour
gagner face à la politique du gouvernement, un mouvement massif et
organisé sur la durée est nécessaire.
C’est
la première leçon des mouvements sociaux de ces dernières années,
que ce soit ceux des travailleurs ou bien ceux de la jeunesse, contre
le CPE en 2006 ou contre la réforme Darcos en décembre 2008.
Pour
nous, lycéens et lycéennes, il faut aussi pousser les travailleurs
à entrer en dans la bataille, car ils peuvent empêcher l’économie
de tourner.
Comment
se mettre
en
lien avec les lycées des alentours,
au
niveau régional et au niveau national,
et
favoriser la meilleure structuration possible
pour
étendre la grève et gagner ?
Se
coordonner localement
Avec
les lycées des alentours
Quand
on construit la lutte sur son lycée, il faut à la fois la faire
progresser quotidiennement au niveau local, convaincre chaque fois
plus de lycéens de son bahut, et en
même
temps, essayer de tisser des liens avec les lycées aux alentours.
Cela
peut débuter, lorsqu’il n’y a pas encore de mouvement sur les
lycées en question, par un travail d’information régulier
(diffusions de tract, affiches, interventions…) et en prenant des
contacts, avoir des discutions régulières, les aider à construire
un comité de mobilisation, à faire des AG.
En
période de mouvement, les débrayages sont un bon moyen d’être de
plus en plus nombreux.
Débrayer
les autres lycées peut se faire de manière organisée, quand on
connaît des lycéens et lycéennes mobiliséEs dans d’autres
établissements. On se met d’accord pour dire que le lycée X part
en manif en premier, passe devant le lycée Y pour former un cortège
plus gros, puis qu’ils vont ensemble chercher le lycée Z, etc.
Si
un seul bahut est vraiment mobilisé, c’est à lui d’aller
chercher les lycées des alentours, c’est aussi un moyen de faire
rentrer en action de nouveaux lycées et de se mettre en lien. En
début de mouvement, un seul lycée organise ce parcours. Mais il
faut chercher à organiser des réunions inter-lycées pour organiser
ces parcours d’un commun accord entre tous.
L’organisation
au quotidien de la grève
requiert
un minimum
de
préparation et de centralisation,
il
est donc bien de mettre en place
un
cadre de discussion régulier
entre
ceux et celles qui agissent
dans
des bahuts proches,
mais
aussi avec les étudiantEs mobiliséEs,
avec
par exemple une coordination de quartier ou de département ou encore
un collectif unitaire contre la réforme.
Ce
cadre ne doit pas seulement organiser la grève « techniquement »
(se contenter de faire des parcours de débrayages). Il doit
permettre d’élaborer et de proposer une orientation à la
mobilisation et de coordonner une activité commune, de discuter des
prochaines actions…
C’est
la meilleure stratégie
pour
gagner et c’est ce qu’il y a de plus démocratique.
À
l’échelle locale plus large
De
même, il faut se préoccuper de construire de tels cadres à un
niveau local mais plus large : une agglomération (grande ville et sa
banlieue), des bouts de départements, voire d’une région.
Le
plus simple pour les mettre en place, c’est de convoquer
des
assemblées générales des jeunes après les manifs. Ces AG
permettent d’échanger avec plus de monde et donc d’apprendre les
unEs des autres.
Elles
permettent de décider des parcours de manifs, d’organiser le
déroulement de ces manifs, d’autres actions… S’il y a des cas
de répression, elles permettent que tous les jeunes d’une région
ripostent ensemble, par exemple en se rassemblant devant un
commissariat, le tribunal, l’inspection académique...
L’idéal
est que les personnes présentes à ces assemblées soient élues
dans leur lycée ou fac pour les y représenter. Cela permet que ceux
et celles qui ne peuvent pas s’y rendre aient un contrôle sur ce
qui s’y discute. Cela permet aussi de s’assurer que chaque lycée
va être représenté.
À
la fin de l’AG, il peut être utile qu’une petite équipe soit
élue pour appliquer les décisions (déposer un parcours, écrire et
tirer un tract, prendre contact avec les organisations
d’enseignantEs...).
Se
coordonner au niveau national
Nous
faisons face à un gouvernement national. Ses attaques concernent
l’ensemble du territoire. Il mène la même politique partout en
même temps.
Il
est structuré avec un gouvernement central. Il a des relais
régionaux (les recteurs d’académies qui prennent directement
leurs ordres du ministère de l’Éducation), départementaux (les
inspections d’académies qui sont contrôlées par les recteurs ;
les préfets qui prennent leurs ordres du ministère de l’Intérieur)
et locaux, avec les chefs d’établissements.
Un
mouvement n’a aucune chance de gagner s’il ne tend pas à autant
d’efficacité. Si les différentes villes manifestent à des dates
différentes, avec des revendications qui ne sont
pas
les mêmes, impossible de mettre une pression suffisante sur une
machine de guerre aussi rodée que l’État !
L’importance
de l’auto-organisation
Quand
il n’y a pas de mouvement, ce sont les organisations permanentes,
les syndicats, les associations, les partis, qui prennent
l’initiative des dates de manifestation.
Mais
ces organisations, même quand elles sont unies, ne représentent pas
l’ensemble des jeunes et des salariéEs.
Certaines
sont mêmes très intégrées à l’État, qui les finance et leur
donne un certain pouvoir.
Quand
la tension monte entre l’État et la jeunesse, certaines
organisations sont prises en étau entre la combativité des
personnes organisés et le ministère qui leur demande de calmer le
jeu.
Un
mouvement démocratique et efficace
doit
donc se doter d’une structure
qui
représente tout le monde au niveau national,
à
la fois parce que
nous
faisons face à un gouvernement centralisé
et
parce que parfois
les
organisations traditionnelles
ne
prennent pas leurs responsabilités.
Cette
structure,
c’est
la coordination nationale lycéenne et/ou étudiante.
Elle
n’existe qu’en période de mouvement très fort, car il faut que
dans plusieurs régions, dans plusieurs départements, dans plusieurs
villes, dans plusieurs lycées, il y ait des assemblées générales
fortes.
Mais
pour les jeunes du NPA, les AG et coordinations représentent
aussi autre chose : l’auto-organisation des jeunes
et des travailleurs correspond à notre projet de société.
Nous
nous battons contre les attaques et essayons de les repousser une par
une. Mais d’une manière générale, nous voulons en finir avec
cette société, dans laquelle une minorité décide pour la
majorité.
La
démocratie qui se met en place dans les mouvements sociaux doit
aussi être le laboratoire d’un fonctionnement pour la société de
demain.
Avoir
une politique pour tout le monde
Le
plus souvent, une AG de ville lance un appel à une coordination
nationale. Cet appel doit être relayé dans les autres régions et
les AG doivent décider de répondre à cet appel
en envoyant des déléguéEs. Ceux-ci doivent être éluEs pour être
représentatifs de leur AG. Ils et elles doivent représenter les
différentes orientations qui existent, être légitimes pour
représenter le mouvement.
La
coordination est la direction du mouvement :
c’est
elle qui est la plus légitime pour dire quelles sont les
revendications, c’est-à-dire les conditions sans lesquelles la
grève ne s’arrêtera pas. C’est elle qui décide des dates de
manifestation.
Si
des négociations doivent avoir lieu, c’est elle qui doit être
l’interlocutrice du gouvernement.
Si
le mouvement cherche à se lier avec d’autres secteurs, par exemple
les profs, les étudiantEs, d’autres secteurs en lutte, c’est
elle qui doit également être leur interlocutrice. Sans quoi, ce
sont des syndicats non élus, non contrôlés et pas
toujours représentatifs qui s’en chargeront.
Être
une direction,
ça
ne veut pas dire
donner
des ordres ou imposer
quoi
que ce soit.
La
coordination commence par tracer un état des lieux de la
mobilisation et doit proposer une politique pour tout le monde.
Sur
les revendications, elle reprend celles qui font accord entre tout le
monde ou qui permettent d’étendre la mobilisation.
Si
dans plusieurs villes il n’y a que des revendications concernant
les lycées généraux mais qu’ailleurs il y a des lycées pro en
lutte, il est important de reprendre les revendications des lycées
pro, même si elles ne concernent pas tout le monde. Sinon, la
coordination exclurait une partie du mouvement.
Mais
si dans une région les lycéens et lycéennes se battent pour des
revendications locales qui ne concernent pas directement les autres
lycées ou qui ne font pas accord, il faut faire attention à ne pas
diviser le mouvement.
Il
faut garder des revendications
qui
maintiennent l’unité.
Sur
les moyens d’action, la coordination prend en compte les
difficultés qui existent à un endroit, les expériences qui ont
réussi ailleurs.
Elle
tente de faire une synthèse, de proposer une orientation qui
convient à tout le monde, de fixer des rythmes de manifs qui peuvent
être repris aussi bien dans les villes très mobilisées que là où
le mouvement peine à
démarrer.
Évidemment,
là où la mobilisation est plus avancée, on peut décider de
participer aux dates appelées nationalement, tout en ayant aussi
d’autres dates et initiatives locales.
Une
structure efficace et démocratique
Il
est difficile de faire une politique parfaite, adaptée à tout le
monde. La coordination peut faire des erreurs.
C’est
pourquoi elle peut se doter d’un comité national, une équipe plus
restreinte qui se voit entre deux coordinations pour réagir à de
nouvelles annonces du gouvernement, s’exprimer dans les médias,
etc. Mais la condition la plus importante à respecter est la
révocabilité des élus.
Dans
les institutions de l’État, si les électeurs et électrices ont
un désaccord avec la politique des éluEs, il faut attendre les
prochaines élections, même si elles sont dans plusieurs
années.
L’auto-organisation
suppose au contraire qu’unE éluE peut être révoquéE. Un lycéen
ou une lycéenne est éluE pour aller à une coordination, pas pour
aller à toutes. On réélit les délégués à chaque fois, tout
comme les équipes élues par les coordinations. Et si quelqu’un a
mal représenté l’AG à la coordination,
on peut le révoquer à chaque fois.
V
- DU CÔTÉ DES SLOGANS
VI
- LA RÉPRESSION
Nos
droits
Tous
les droits lycéens ont été gagnés après une lutte.
Par
exemple, les délégués de classes sont apparus après Mai 68, les
CVL après le mouvement de 1998. Ces quelques droits sont très peu
respectés, voire bafoués.
Lorsque
nous entrons au lycée, on nous bassine avec nos devoirs sans
vraiment nous informer de nos droits.
Le
plus important à retenir est que si ces droits ont été obtenus par
le rapport de force, il n’y a que par le rapport de force qu’ils
seront maintenus, respectés et que d’autres seront gagnés.
Cependant,
il peut être utile de connaître les textes officiels.
Voici
les différents droits des lycéens et lycéennes et les articles s’y
référant :
-
Le droit de réunion : il est très utile d’organiser des
réunions sur son lycée. Tout élève est libre d’en organiser
une. Elle peut traiter d’un sujet d’actualité.
Pour
l’organiser, il faut prévenir l’administration pour obtenir une
salle. Pour faire intervenir des gens extérieurs à l’établissement,
il faut écrire une lettre au proviseur qui peut examiner cette
demande en conseil d’administration. En cas de
refus de la part de l’administration, on peut se référer à
article 3-3 du décret 85-924 : « Dans les EPLE du
second degré, la liberté de réunion s’exerce dans les conditions
ci-après : (…) dans les lycées, à l’initiative (…) d’un
groupe d’élèves de l’établissement pour des réunions qui
contribuent à l’information des élèves ».
-
Le droit de manifestation : les lycéens et lycéennes ont
ils le droit de manifester ? Oui, car aucun texte de loi ne
l’interdit. Or, l’article 5 de la Déclaration des droits
de l’Homme et du citoyen (préambule de la constitution française)
stipule que « tout ce qui n’est pas défendu par la loi ne peut
être empêché ».
Toute
sanction prise à l’égard d’un élève parce qu’il aurait
manifesté serait illégale. Un établissement ne peut refuser un
motif d’absence. L’article L 131-8 du Code de l’éducation
relatif aux absences des élèves énonce les motifs valables
: « maladie de l’enfant, maladie transmissible ou contagieuse
d’un membre de la famille, réunion solennelle de famille,
empêchement résultant de la difficulté accidentelle des
communications, absence temporaire des personnes responsables lorsque
les enfants les suivent. Les autres motifs sont appréciés par
l’inspecteur d’académie.
Celui-ci peut consulter les assistantes sociales agréées par lui,
et les charger de conduire une enquête, en ce qui concerne les
enfants présumés réfractaires. »
L’administration
n’est donc pas en mesure de refuser ce motif d’absence.
-
Le droit d’affichage : pour prévenir des réunions où des
journées de mobilisation, il est très pratique de pouvoir mettre
des affiches. Normalement, tous les lycées doivent mettre un panneau
d’affichage à disposition des élèves. Les lycéens et lycéennes
peuvent théoriquement librement exposer leurs affiches. Elles ne
doivent pas être « partisanes », c’est à- dire qu’elles
sont sans « étiquette » politique, ce qui n’oblige en
rien ces affiches à être démunies d’opinions politiques.
Avant
d’afficher, il faut demander l’autorisation au proviseur pour
qu’il vérifie si votre affiche ne comporte pas de propos «
diffamatoires » et « insultants ». Il faut signer les
documents que vous exposez : rien d’anonyme ne peut être publié.
Le
chef d’établissement ne peut refuser un affichage que s’il juge
son contenu insultant à l’égard d’une personne ou clairement
partisan. Il doit impérativement justifier ce refus par écrit. Si
le refus du proviseur n’est pas justifié il faut alors faire appel
à l’article 3-4 du décret 85-924 : « Les
publications rédigées par des lycéens peuvent être librement
diffusées dans l’établissement (...). »
-
Le droit de publication : il est souvent indispensable, pour
expliquer aux lycéens ce qui se passe dans les lycées (les attaques
du gouvernement, les mobilisations), de pouvoir se doter d’un
support papier que l’on peut diffuser largement, un tract.
Malgré
les dires des proviseurs, on peut distribuer des tracts à l’entrée
de son lycée. En cas de soucis avec son administration il est bon
d’invoquer la circulaire n° 91-051 du 6 mars 1991, modifiée
par la circulaire n° 2002-026 du 1er février 2002, qui
stipule clairement : « Les publications rédigées par les
lycéens peuvent être librement diffusées dans l’établissement.
»
Il
faut faire attention à ne pas se faire piéger inutilement, car la
circulaire relative au droit de publication des lycéens émet
quelques restrictions : « Quelle qu’en soit la forme [les
publications, journaux, tracts], ne doivent être ni injurieux, ni
diffamatoires, ni porter atteinte au respect de la vie privée.
En
particulier, les rédacteurs doivent s’interdire la calomnie et le
mensonge. (...) Les lycéens s’interdisent tout prosélytisme
politique, religieux ou commercial, sans pour autant
s’interdire d’exprimer des opinions. »
Construire
le rapport de force
Il
n’y a pas de « solution miracle » pour faire respecter nos
droits. Il faut mettre la pression sur l’administration. Créer un
rapport de force, c’est-à-dire montrer à l’administration que
nous ne laisserons pas nos droits être bafoués.
Plus
le rapport de force est significatif, c’est-à-dire, plus il y a
d’élèves prêtEs à le faire, plus il y a de pression sur
l’administration, moins les droits sont bafoués.
Par
exemple, au lycée Claude Monet (Paris 13ème), en 2008, lors d’une
assemblée générale, les lycéens étaient tellement nombreux que
l’AG s’est faite dans le hall de l’établissement. Le proviseur
a essayé de les faire sortir mais il s’est tellement fait huer
qu’il a compris qu’il ne pouvait rien faire.
Se
servir des droits selon le rapport de force
Lorsque
le rapport de force est défavorable aux lycéens et
lycéennes, se procurer une salle pour faire une réunion ou une AG
n’est pas impossible : il faut demander une salle par lettre en
demandant de justifier si la réponse est négative. Si le
proviseur refuse, il n’y a pas grand-chose à faire à part le
mettre dans le prochain tract pour expliquer aux élèves que leurs
droits ne sont pas respectés.
Avec
un rapport de force plus favorable, les
élèves peuvent par exemple venir en nombre dans son bureau et lui
dire qu’ils ne bougeront pas jusqu’à qu’on leur accorde une
salle.
Dans
certains lycées, le rapport de force permet même de dépasser nos
droits : à Paul Lapie (Courbevoie, 92), en 2010, les collages
d’affiches se faisaient dans tout le lycée sans demande
d’autorisation et sans sanction.
La
répression administrative
ne
peut être surmontée
qu’avec
un rapport de force suffisant.
Quand
le droit de manifestation n’est pas respecté, le seul moyen de
contrer la répression est de mettre la pression en étant toujours
plus nombreux et nombreuses à se mobiliser.
Si
la moitié du lycée va en manif, il sera plus dur de sanctionner les
élèves mobiliséEs.
La
répression, d’où vient-elle,
comment
lutter contre ?
À
chaque mouvement dans la jeunesse, la répression s’accentue :
arrestations durant les blocages ou les manifs, exclusions
temporaires ou définitives des élèves grévistes…
Faire
grève devient un crime, la répression a un but pour le gouvernement
:
casser
les mobilisations en cours et tenter d’éviter que de futures
mobilisations aient lieu.
Les
administrations des lycées se défendent avec leurs moyens contre
les grévistes. Cela peut aller des lettres d’absence envoyées aux
parents jusqu’aux exclusions définitives en passant par
l’interdiction d’accès à l’internat pour les élèves
internes.
Le
but est de faire assez peur en jouant sur les parents et sur
l’autorité de l’école, pour que des lycéens et lycéennes plus
ou moins moteurs ne se mobilisent plus.
Quand
le gouvernement envoie, ou que les proviseurs demandent des flics
devant les blocages, quand ils arrêtent des lycéens et lycéennes
pour de simples « contrôles d’identité » ou avec des
prétextes bidons (« dégradations », « outrage »…),
c’est toujours pour mettre la pression sur ceux et celles qui
participent au mouvement afin qu’ils ne se mobilisent plus. Des
élèves qui sont arrêtéEs ou ont des menaces de poursuites
judiciaires auront plus de craintes pour se mobiliser la fois
suivante.
C’est
un enjeu
pour
la réussite du mouvement
que
de se protéger de la répression.
L’État
n’est pas quelque chose de « neutre ». C’est l’instrument aux
mains d’une classe dominante, en l’occurrence les capitalistes,
pour maintenir son pouvoir.
La
police est du côté de l’ordre, de la répression.
La
justice l’est également, qui condamne presque systématiquement
les militants et militantes accuséEs, même sans preuve, dans le
cadre d’un mouvement. Il ne faut pas avoir confiance dans ces
institutions.
Il
ne faut compter que sur nos propres forces pour y faire face et
régler tous les problèmes que nous pouvons avoir pendant une
mobilisation.
Que
faire ?
À
lire le manuel « Que faire face à la police » ICI
à
lire le guide du manifestant arrêté du syndicat de la
magistrature : ICI
à consulter le guide d'auto-défense juridique : ICI
La
répression doit évidemment être prise en compte dans la
construction de la mobilisation. La conséquence pour nous, c’est
d’agir encore plus de manière collective, c’est de construire
une mobilisation suffisamment forte et organisée.
Par
exemple, là où la police est envoyée systématiquement quand le
lycée est bloqué, il faut être très nombreux et nombreuses pour
tenir le blocage et être bien organisés pour que personne,ne se
fasse embarquer.
Il
n’y a pas de « recette magique », le plus important est
d’abord d’avoir un mouvement le plus structuré possible.
Pour
les manifs, il faut s’efforcer de constituer un « service
d’ordre » (SO), dont la fonction est de protéger le cortège
de l’extérieur, guider le parcours, prévenir de la circulation,
d’éléments extérieurs qui peuvent être hostiles au mouvement,
de la police… Et donc garantir la sécurité des lycéens et
lycéennes qui sont à l’intérieur du cortège.
Ceux
et celles qui constituent le service d’ordre doivent être des
personnes de confiance, de préférence élues ou désignées en
comité de mobilisation et en AG inter-lycées et clairement
identifiées par les manifestants. De même elles doivent être
représentatives du mouvement.
Le
SO n’est pas la réunion des « gros bras » car ce n’est
pas la force de ces individus qui importe, mais leur force en tant
que groupe.
Pour
ce qui est de la répression administrative, il faut réagir
collectivement au sein du lycée, si l’ensemble des élèves
engagéEs dans la grève sur un lycée prennent position, notamment
lors d’une assemblée générale, et se retournent contre
l’administration par différents moyens gradués (pétition, envoi
d’une délégation vers l’administration, occupation…), alors
le rapport de force peut permettre de gagner des avancées et des
protections durant la grève.
Mettre
en place un lien étroit avec des professeurs et personnels syndiqués
permet d’avoir des protections qui sont davantage reconnues par
l’administration.
Pendant
et après le mouvement et les arrestations, des collectifs pour le
soutien de camarades arrêtés, des campagnes de soutien, des
collectes, sont autant d’éléments importants qui permettent de
médiatiser l’histoire et
d’espérer ainsi peser sur la décision contre la justice. Il est
donc important que ces collectifs soient les plus larges possibles et
soient constitués de personnes qui ont du «
poids » (élus, syndicalistes et politiques reconnus
localement, FCPE, Ligue des droits de l’Homme...).
VII
– REJOINDRE LE NPA
POUR
S’ORGANISER SUR LA DURÉE
La
Lutte paie !
Tous
les acquis sociaux dont nous bénéficions aujourd’hui ont été
obtenus grâce aux luttes du passé : des congés payés avec les
grandes grèves de 1936 aux grèves victorieuses de 1995 pour les
retraites.
Si
on ne peut pas bloquer l’économie en tant que lycéens et
lycéennes, on peut entraîner d’autres secteurs et lutter contre
les diverses réformes que le gouvernement veut nous imposer.
C’est
ainsi que le projet du CPE fut retiré en 2006. Les jeunes, en
luttant ensemble, ont réussi à entraîner plus de 3 millions de
personnes dans la rue. En 2008, un mouvement de masse, avec plus de
150 000 lycéens et lycéennes dans la rue, nous avons obtenue une
demi victoire avec le report de la réforme Darcos. Si nous n’avions
pas connu le report de cette réforme, elle serait déjà en
application aujourd’hui.
Et
c’est ce qui risque de se passer si on ne se mobilise pas contre
les réformes en cours.
Toutes
les luttes ne sont pas victorieuses.
Ces
dernières années, de nombreuses attaques sont passées, nos droits
ont régressé. Le chômage, la précarité, les bas-salaires, les
privatisations augmentent.
Se
mobiliser comporte toujours un risque. Mais par le passé de
nombreuses luttes ont payé. Et même dans la défaite, nous faisons
des expériences de mobilisations qui peuvent resservir dans le
futur. Si le mouvement de 2005 contre la loi Fillon sur les lycées a
perdu, il a joué un grand rôle pour préparer celui de 2006 contre
le CPE.
En
tous les cas, il faut garder confiance.
Se
battre est utile et nous pouvons gagner,
même
contre le gouvernement Hollande !
S’organiser
dans la durée
Le
gouvernement et les patrons sont à l’offensive contre les
travailleurs, les travailleuses, les jeunes, les classes populaires.
Ces
attaques ont une cohérence d’ensemble : nous faire payer la crise
pour sauver le système et les taux de profits de la classe
dominante. C’est un système qui marche à l’envers et qui prend
toujours aux plus pauvres pour donner aux plus riches.
Il
faut approfondir les luttes engagées depuis des années et imposer
un véritable rapport de force au gouvernement.
Face
aux attaques,
la
jeunesse a su se mobiliser.
Mais
il n’est plus possible
de
se battre chacun dans son coin
et
de défendre son bout de gras
alors
que les acquis sociaux sont tous balayés.
Organisons-nous
pour
renverser le capitalisme
Il
faut s’attaquer à la logique globale qui répond aux souhaits de
quelques grands patrons engraissés par notre travail.
À
travers nos luttes quotidiennes, c’est le capitalisme dans son
ensemble qu’il faut renverser.
Les
patrons, eux, sont organisés pour imposer leur politique grâce au
MEDEF et même mondialement avec l’OTAN, l’ONU, le FMI, la Banque
mondiale.
Nous
devons nous organiser aussi bien qu’eux.
Rejoindre
et construire le NPA, c’est leur proposer de leur opposer
une force de frappe qui les fera reculer. Plus que des combats
ponctuels, il nous faut une vraie organisation de masse qui dise non
aux patrons. Ce sont eux les responsables de notre précarité et de
l’avenir de merde qui nous est réservé.
Tous
et toutes ensemble, nous devons imposer la chute de ce système et la
construction d’une nouvelle société, fondée sur la répartition
des richesses, une vraie démocratie et débarrassée de toute
oppression et de toute exploitation.
Être
anticapitaliste, c’est lutter
dans la durée et annoncer la mort certaine d’une logique
insupportable pour la jeunesse et les travailleurs.
Le
NPA a pour ambition d’être un outil pour militer dans ce
sens, garder la mémoire des luttes, préparer les prochaines
bagarres, faire converger les combats, réfléchir à une société
alternative et aller vers la transformation révolutionnaire de la
société !
Pour
aller , plus loin, lire le journal jeunes du mois de mars : ICI