mardi 4 avril 2017

LA LUTTE PAIE ! RENCONTRE AVEC LES GRÉVISTES DE CANDIA CLERMONT-FERRAND.

Tout commence en 2015 lorsque la société Beurelia, filiale Clermontoise  de Sodiaal, est fusionnée avec Candia. Sans aucune négociation avec les représentant-e-s des travailleur-se-s clermontois-e-s, Candia décide tout 
simplement de remettre en cause 15 années d'acquis et de négociations. 

Concrètement, cela induisait plus de « flexibilité » et une baisse de salaire de 50€.

Le vendredi 3 mars au soir les travailleur-se-s en ont assez d'être  traité-e-s de la sorte, ils et elles décident de se mettre en grève illimitée  pour être entendu-e-s.

Leur revendication : une augmentation de salaire  pour rattraper la perte de rémunération des heures de nuit et des heures supplémentaires.

Sur 180 employé-e-s environ, une petite centaine se met en  grève, très vite rejoint-e-s par d'autres collègues. Candia propose tout d’abord, dans le cadre des négociations annuelles obligatoires, une augmentation de 11€. Insuffisant pour les travailleur-se-s révolté-e-s, ce qu'ils ou elles veulent c'est 50€ !

La direction décide alors de tenter le pourrissement par la division. Des propositions sont faites en fonction 
des différents statuts dans la boîte (tout le monde n'a pas un CDI). 

Rien à faire, les grévistes tiennent bon : il est hors de question pour eux que la satisfaction des revendications ne soit pas profitable à tout-e-s, à égalité de traitement, c'est 50€ pour tout le monde ou on continue.

Conscient-e-s que l'épreuve s'annonce difficile et qu'ils ou elles ont besoin de soutien et de structure pour défendre leurs intérêts, ils ou elles décident  massivement d'adhérer à la CGT qui s'est déjà mise à leur service au 
niveau de l'UL et de l'UD, en leur fournissant du matériel pour leur piquet de grève.

Première victoire symbolique, alors que la boîte 
n'avait jamais connu de syndicat, selon un employé, les voici « syndiqué-e-s à 90% de l'effectif », « quelle baffe ça a dû leur mettre au  moral de voir un syndicat naître sur le site ».

Une mobilisation pleine de rebondissement, un blocage complet de l'usine  pour empêcher aux camions de rentrer, immédiatement suivi par la visite  d'un huissier. Cela se termine par la convocation de 5 grévistes « pas  choisis au hasard » devant le tribunal qui décide de ne pas donner suite. 

« Candia avait trop de choses
à se faire reprocher,
notamment sur les plannings ».

Une diffusion de tracts au péage nord, accompagnée d'une 
caisse de grève. Les Candias ont été touchéEs par beaucoup de marques de  soutien et des contributions, dont une spontanée venant des EDF, des versements anonymes à leur caisse de grève, la visite du député PCF 
André Chassaigne, des visites de camarades du NPA, du Front de Gauche, etc... Tous ces éléments qui font que l'on se sent porté-e ont fortifié leur unité.

« C'est ensemble qu'on est en grève,
il ne faut pas
que l'on se divise,
on gagnera pour tout le monde ».

Sur une centaine de grévistes seuls deux collègues ont repris le travail avant la fin de la grève.
C'est dans la semaine du 20 au 26 mars que Candia met le feu aux poudres  en proposant une prime de 10€ à la délégation des travailleur-se-s. Inacceptable, « déjà 10€ ce n'est rien, en plus une prime cela se retire 
à n'importe quel moment et donc ne sécurise pas de la même manière tous les collègues ».

Sans plus attendre, l'ensemble des grévistes décident 
d'investir la salle de négociation. « Ils ou elles ont eu très peur, ils ou elles, nous ont même demandé si on voulait les séquestrer ».

Une nouvelle réunion de  négociation, délocalisée cette fois, est alors prévue pour le lundi 27  mars. Ils ou elles lancent un appel à soutien et à rassemblement, ce jour, un militant du NPA est allé à leur rencontre.

Une ambiance calme mais festive, ils ou elles sont ultra motivé-e-s. La police barre la chaussée mais n'intervient pas : un gréviste un peu amusé et surpris confie « je pense qu'ils ou elles ont reçu des consignes en période électorale pour ne pas intervenir, alors ils ou elles nous foutent la paix ».

Une délégation mixte part pour la négociation, une 
énorme détonation retentit comme pour avertir la direction qu’ils ou elles  arrivent déterminé-e-s, de grands éclats de rire suivent cette détonation. 

Candia fini par lâcher 20€ de salaire (ce n'est plus une prime) et le  maintien des 11€ précédemment négociés, soit 31€.

Le même militant du NPA, les a rencontré une deuxième fois le lendemain devant l'usine Candia, le piquet de grève a été enlevé, mais un petit groupe de grévistes est 
encore sur place. Ils affichent une satisfaction et un soulagement, « on n'a pas tout obtenu, mais on est content d'avoir gagné », une autre « et  puis on est resté-e-s soudé-e-s, on ne voulait pas se diviser », « 26 jours de 
grève, on est tous contents de ce que l'on a fait et obtenu, mais pour certains comme nous cela va être difficile car nous sommes en couple  dans la boîte, alors les journées de grève... il va falloir que l'on se débrouille ».

Une caisse de solidarité a été mise en place, il est toujours possible d’y participer


Suite à une contribution financière du militant du NPA, la question leur est posée du montant qu’ils ont en caisse.

« On a récolté 6000€ à peu près, ça fait pas beaucoup car 
on est une centaine, mais on est super touché-e-s par tous ceux qui ont  donné ».

Et puis ils ou elles sont fier-e-s et ont de quoi l’être, cela se voit et  fait plaisir à voir. C’est une belle démonstration que la lutte dans l'unité, cela paie.


Reste quand même le délicat problème du manque à gagner salarial pour  leurs journées de grève. Il n'est pas trop tard pour des contributions  spontanées : cela peut passer par l'UL CGT de Clermont-Ferrand, ou par 
leur page Facebook « Les salariés candia en grève ».

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